Crédit immobilier: est-ce encore le moment d’emprunter?
Est-ce le moment d’acheter? Les taux de crédit vont-ils continuer de grimper? Le climat économique et international se tend et les habituelles interrogations sont sur toutes les lèvres des potentiels acheteurs immobiliers. Après une année 2021 euphorique, à quoi ressemblera 2022? Les premiers indices sont déjà connus: les prix continuent de grimper sauf à Paris et les taux de crédit grimpent - entre +0,1% et +0,4% pour tous les profils et tous les profils (résidence principale, investissement locatif...) -, même s’ils restent bas. Sans compter la hausse des tarifs de l’électricité, du carburant et du coût des travaux.
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Un contexte morose que les Français perçoivent parfaitement. La preuve en deux chiffres. Le premier: 77% ont constaté la hausse des taux, selon un sondage OpinonWay pour Artemis Courtage, courtier en crédit immobilier. Le second: 52% estiment que la situation pour emprunter est défavorable et 46% ont un avis opposé. Il y a seulement six mois, c’était l’inverse. «Les conditions de financement d’un achat immobilier sont encore attractives, affirme Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances. Les taux de crédit immobilier sont autour de 1,2% sur 25 ans alors que l’inflation est à 3%. Les taux de crédit réels sont donc négatifs, à court terme». Dit autrement, les Français peuvent s’enrichir en s’endettant. «Ajoutez une production de crédit immobilier qui reste dynamique: +6,4% en janvier, sur un an et +6,6% (estimation) en février, selon la Banque de France. Mais c’était avant la guerre en Ukraine. «Nous n’anticipons pas d’évolution de tendance», affirme une source du Haut conseil de stabilité financière.
Aucun candidat pour changer la donne
En attendant, les Français ont déjà le moral en berne. Et ça se voit: 73% sont inquiets pour l’économie de la France et 55% pour l’immobilier. Deux chiffres en hausse de 9 points (!) en 6 mois. Des niveaux dignes de ceux enregistrés pendant la crise du Covid. «Le téléphone sonne moins, le marché est en pause. D’ordinaire, nous avons au moins des prises de contacts à cette époque. C’est un bel atterrissage en “gueule de bois”. Les Français sont attentistes», analyse Ludovic Huzieux, président d’Artemis Courtage.
Cet attentisme se comprend: avec la guerre en Ukraine et à un degré moindre, l’élection présidentielle, les Français n’ont pas forcément la tête à l’immobilier. Mais cet attentisme peut aussi être coûteux. La hausse constante du taux auquel l’État s’endette, que les banques scrutent pour fixer leur taux de crédit, laisse augurer de nouvelles augmentations de taux. Et donc un emprunt immobilier plus cher. «La remontée des taux de crédit risque de se poursuivre. L’OAT 10 est au-dessus de 1% pour la première fois depuis avril 2017», confirme Sandrine Allonier, de Vousfinancer qui souligne que les conditions d’emprunt sont plus attractives qu’il y a 5 ans.
À cela s’ajoutent des durées d’emprunt (22 ans tous profils confondus, 23 ans pour les primo-accédants) qui approchent le maximum légal (25 ans pour l’ancien). De quoi redouter une remontée du taux de refus? «Il y a quelques dossiers où on va transpirer et où il faut craindre un “effet ciseau”, redoute Ludovic Huzieux. C’est là que nous devons être des trouveurs de solutions plutôt que des comparateurs».
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Dès lors, ce climat incertain incite de plus en plus de Français à ne pas devenir propriétaire. En septembre dernier, ils étaient 17% à donner cette réponse quand OpinionWay leur demandait quel était le frein qui les empêchait d’accéder à la propriété. Aujourd’hui, ils sont 25%. Sinon, les prix trop élevés (43%, +5), l’apport insuffisant (30%, -6) et la baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation (22%) sont les trois principales explications. Et aux yeux des Français, aucun candidat à la présidentielle ne semble capable de changer la donne. C’est la réponse donnée par...60% des personnes interrogées. Suit derrière Emmanuel Macron avec...9% de voix.